« Cher
Benjamin,
j’ai
lu, à mon retour de Coaraze, les trois ouvrages que tu m’as
amicalement offerts. [...]
Quant
à Ma (dé)conversion au judaïsme,
elle met le doigt sur un sujet non moins terrible que toi seul (dans
le contexte pour le moins instable et difficile où nous vivons), à
partir de ton expérience de conversion « à marche forcée »,
était autorisé à traiter de cette manière. Cela dit, tu le fais
avec tact, ne t’en prenant pas à la/ni aux religions, mais à ce
que la rigueur dogmatique induit d’intolérance, d’étroitesse de
vue et par conséquent de « bêtise ». On peut rire
aussi, oui, quand tu évoques le rabbin B., du Consistoire, « sans
contexte le rabbin le plus obtus, le plus béotien qu’il m’ait
été donné de rencontrer, et Dieu sait, ajoutes-tu, que j’en ai
côtoyé quelques-uns pendant ces années de conversion, ballotté au
gré des décisions de l’institution et des desiderata de ses
représentants. »
Le
dogmatisme obsessionnel du personnage vire à la farce irrationnelle
quand, au moment de ton entretien de conversion, le bar-mitvah, et
voulant s’assurer que tu mérites bien le grand bain rituel, il te
demande quelles bénédictions rituelles il convient de faire avant
de manger tel ou tel mets; celles avant le pain, soit, dis-tu,
mais « c’était
autre chose que de ne pas se tromper d’invocation selon qu’on se
nourrissait d’abricots, d’agneau, de cacahuètes, de biscuits, de
pain ou de jus de raisin (six bénédictions différentes), sans
compter les multiples difficultés d’ordre pratique, la récitation
pouvant varier selon que le raisin est mûr ou pas, enrobé ou non de
chocolat (le quel des deux ingrédients est accessoire à l’autre
?), ou que votre soupe contient des petits pois ou des pois cassés.
Même s’il existe des grandes catégories de bénédictions :
fruits de l’arbre, fruits de la terre, de la vigne, etc, qui ont le
mérite d’apprendre à des enfants d(où viennent les aliments
qu’ils mangent, il faut pas mal d’entraînement pour s’y
retrouver. »
C’est
un livre qu’il faut lire avec un esprit « éclairé »,
pas autre que celui qu’il fallait/faut pour comprendre les combats
de Voltaire contre tout ce qui sert à verrouiller l’esprit
critique et la liberté d’être et de penser. En cela, c’est un
livre éclairant utile. Et ce n’est pas tous les jours qu’il nous
en tombe un entre les mains. »
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