Et
pourtant, rien n’est plus sérieux, plus efficace qu’un poète.
La preuve : ce sont toujours les premiers a être censurés,
exécutés ou exilés. Ce sont souvent aussi les premiers
résistants.
Les
poètes sont en première ligne, toujours.
Comme
les femmes.
Rimbaud,
le premier, l’a écrit : « Quand sera brisé l’infini
servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme,
– jusqu’ici abominable, – lui ayant donné son renvoi, elle
sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses
mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? – Elle trouvera
des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses :
nous les prendrons, nous les comprendrons. »
Trop
peu de femmes connaissent ce passage.
Il
est vrai qu’il est fort mal étudié à l’école.
On
se demande bien pourquoi.
Même
si on le devine.
Oui,
la poésie est une arme.
C’est
celle qu’on a cassée en premier après mai 68.
On
a fait entrer Prévert à l’école (un comble !), et le tour
était joué.
Des
années à s’en remettre, et encore.
Je
trouve les poètes d’aujourd’hui très convalescents.
Plus
de place pour la poésie, hormis à l’école ou dans la
publicité. Je ne parle même pas de la religion, qui vend
aujourd’hui ses versets, psaumes ou sourates, comme de la «
poésie spirituelle. »
Le
monde poétique est l’irruption de la transparence et du doute.
Les images et les métaphores sont des produits hautement
inflammables qu’il faut manier sans précaution.
Hors
des universités, des revues et des cénacles.
Dans
la rue, dans les cafés et dans les livres.
Voilà
sa place.
Au
milieu.
Au
milieu de nous.
pp.
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