« ...comme si la fin tragique était en soi une fin heureuse dans un monde tragique »


Cinq nouvelles qui pourraient être des contes, des légendes… une vision du monde. Au choix. Dans des huis clos intimistes, on plonge dès les premières phrases dans un univers violent ou étrange et douillet où la cruauté guette, pas si loin, parfois à portée de main, parfois surgie d’une main qui pétrit le pain.
Ce livre contient cinq nouvelles aux dénouements à la fois violents et doux comme si la fin tragique était en soi une fin heureuse dans un monde tragique. Ces nouvelles fourmillent d’une imagination à la fois fertile et exotique et d’une écriture poétique et relevée menée par une habile conteuse.
Dans la première nouvelle, celle que j’ai préférée, une victime meurt dans un élan éblouissant de vie. Dans l’avant-dernière nouvelle, c’est la prise de conscience du temps qui fuit qui cause la mort d’un homme au moment où il achève la reconstruction d’une vieille ruine.
Voici donc un petit crochet intéressant, une jolie découverte, une invitation à s’embarquer dans des histoires où surgissent des scintillements, des éblouissements dans un monde si cruel et si injuste, dans un état d’esprit… résigné ? Non, juste lucide, combatif et armé.
Chronique relevée sur le blog de Rita

Quelques extraits :
« J'ai possédé des filles magnifiques, enlacé des corps somptueux, malaxé des cuisses et des seins sans pareils. Mais, aujourd'hui, je suis fatigué de ces éternelles prunelles myosotis, des jambes fuselées et des sourires-soleil que chapeautent des œillades assurées. Ils ne me subjuguent plus — pire : ils me lassent—, et me voici comme un enfant exalté qui, après avoir vu la mer pour la première fois revient blasé de ses premiers bains. »

« Je suis peut-être amer et bilieux, mais crois-moi, Haïtsiou, ce n'est pas moi, le bouc de bois, qui cette nuit perdis la raison et tombai en disgrâce. Je connais depuis des siècles les folies et les miracles de ta race ; ce sont les premières qui lestent vos balances, et vos bonnes actions, quoique délicates et douces comme les plumes d'un oiseau-mouche, ne pèsent pas plus lourd que ce qui est permis par ce nom. »

« Sa belle Ophélie, heureuse, blanche comme les lys, courant sur la chaussée en hochant sa tête minuscule... Puis l'enchaînement fatal : Ophélie qui échappe à sa surveillance et, innocente, traverse la route sans regarder à gauche. L'impact. Le bruit sec des os concassés. Et sans un cri, son corps de lait projeté sur le trottoir suivant l'orbe d'un élégant arc de cercle. »

« Etienne tapait sur les clous de petits coups réguliers qui dans l'air faisaient claquer des bruits ambigus : d'une part le tintement de clochette de l'étain frappé, et d'autre part un timbre plus grave, celui du bois sur lequel dérapait parfois le marteau ; ces deux sons amplifiés par la rotondité de la tour s'entrechoquaient tel un claquement de dents. »


La littérature, c’est parfois aussi des histoires... de famille. Vient de paraître un album jeunesse, L’Histoire de Tony Badass, le fou de jeux vidéo, du même auteur, Sarah Taupin, et illustré par Marc Taupin-Clozel.

Tony Badass ne sait pas bien lire, ça ne l’intéresse pas du tout. Tony Badass n’aime pas l’école. Il s’ennuie. Il s’ennuie tellement ! Il préfère de très loin être sur l’ordinateur et jouer, jouer, jouer nuit et jour... Seulement, la vie n’est pas un jeu, Tony Badass va vite l’apprendre. Jeté en prison, il réveille par inadvertance le bon génie Alfonsedodé. Ce dernier va l’inciter à lire et à réfléchir. Et si c’était le premier pas sur le chemin de la liberté ?

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