Dans un mois paraît Un pur hasard, de Thierry Bodin-Hullin. L’extrait livré ici en « hors d’œuvre » est pris dans la seconde moitié – tant pis pour l’ordre –, parce qu’il rend compte de l’humeur du jour.
Je me demandais pourquoi il m’avait fait venir. Je ne savais pas si, malgré ce qu’il laissait paraître, pris par le remords, il me confiait le soin de rapporter son état et son histoire, ou si, plus malignement, il souhaitait que je relaie le phénomène remarquable qui était en train de se dérouler. Ou alors si, en plein désarroi, désorienté, il me suppliait de l’aider et de le sortir de là. De le sauver. Ou encore si…
Je le regardais et voyais dans ses yeux sombres un total épuisement. Il y avait une intrigante contradiction entre ce corps, un peu tassé, amaigri, négligé, le corps de ces gens qui abandonnent et n’espèrent plus rien de la vie, et son discours où s’exprimait malgré tout la détermination d’un homme prêt à aller jusqu’au bout. Mais au bout de quoi ? De l’irrationnel ? Étrange conscience du choix qu’il me révélait là.
Je me calmai, et comme je ne m’étais pas jeté sur lui, ni n’avais quitté l’hôtel, je l’écouterais encore. Paul reprit, déroulant méthodiquement le fil de son récit.
p.56
Commentaires
Enregistrer un commentaire