« il est plus facile de devenir un héros quand on a des muscles et des neurones »

Il y a des livres qui me touchent tout particulièrement. Des livres qui parlent de différence, de solitude, de « je ne me sens pas comme les autres », oui mais quels autres ? peut-on même les appeler « autres » ?

Extrait :
« Dans la langue de Martin, on utilise le même mot pour désigner deux concepts qui, dans une autre langue peut-être, serait nettement différenciés. À l’intérieur d’un groupe solidaire dont Martin ferait partie (un groupe théorique qui serait constitué, par exemple, d’amis – mais Martin a-t-il des amis ?), il parlerait de lui en disant moi et, pour désigner ses amis, ces personnes qui seraient physiquement distinctes de lui mais si proches par leurs qualités, il dirait : les autres. Ce seraient toutes les personnes de son groupe à l’exclusion de lui-même. À l’inverse, dans une autre configuration plus proche de la réalité, où l’on est forcé de constater que la population se divise en deux catégories ennemies et irréconciliables, il existe une barrière entre Martin et le reste du monde. Pourtant, il est obligé de désigner ces êtres contraires, ceux de l’autre côté, par ce même mot, les autres, qui aurait dû servir à qualifier ses semblables. »

Le héros et les autres fait partie de ces livres. Il est beau, doux, triste et mélancolique à la fois. Il me ressemble ce Martin, jeune personnage du livre, alors il m’a émue. Antonin Crenn parvient à dire ces choses que j’ai parfois ressenties mieux que je ne pourrais jamais le faire… ou plutôt, il les dit ces choses qu’il m’arrive de sentir sans pouvoir les mettre en mots… tout simplement (mais pas facile).
Et comme j’avais déjà été touchée et émerveillée par son album Les bandits (déjà publié chez Lunatique et dont je vous reparlerai), j’ai maintenant un nouvel auteur à suivre de près ! En ce qui vous concerne : filez à votre librairie préférée vous procurer ce petit bijou ! (oui, c’est un ordre)
Et cet ordre nous vient du site Et si...


Un héros, on l’admire pour ses exploits. Le pompier sauve des tas de gens en bravant les flammes ou la tempête : son courage est exemplaire. Au fond des cachots, partout et à toutes les époques, d’autres héros croupissent parce qu’ils rêvent d’un monde meilleur. Ces héros-là se battent pour leur idéal. « Ce sont les actes qui font le héros », se dit Martin. « On ne naît pas héros, on le devient ». Ah oui ? Alors, c’est une bonne nouvelle pour Martin : tout n’est pas perdu. Puis, réfléchissant cinq minutes, il se dit toutefois que ce ne doit pas être donné à tout le monde d’accomplir des actes admirables. Il doit y avoir des prérequis : il est plus facile de devenir un héros quand on a des muscles et des neurones — comme Félix, par exemple.
p. 44

Commentaires