« il veut à tout prix souhaiter une bonne fête à ses parents et il leur écrit avec plus d’un mois d’avance »



Philippe Annocque s’est appliqué à déchiffrer les cartes postales que son grand-père, Edmond, adressait à ses parents alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne, de 1916 à 1918. Ses mots d’aujourd’hui — explications, réflexions, exclamations, questions — se mêlent à ceux écrits pour dire, 100 ans plus tôt, le rien des jours qui se succèdent indéfiniment et se ressemblent infiniment. Mais, le rien n’est pas anodin, et le prisonnier de guerre, contraint par la censure, occupe de son écriture resserrée jusqu’à l’illisible l’espace restreint des cartes, pour dire tout simplement qu’il est vivant. Dans Mon jeune grand-père, l’auteur superpose sa lecture à ce qu’il retranscrit, et cette lecture aussi il la donne à lire. (Présentation de l’éditeur).
« J’ai retrouvé les cartes postales de mon grand-père qui était prisonnier en Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, de mai 1916 jusqu’à la fin de la guerre. […] Je présente aux [lecteurs] ma propre lecture au moment où je déchiffre la carte. Comme l’écriture est difficile à lire, je décris ce que je comprends et découvre. Je sais très peu de choses de mon grand-père car il est mort en 1928. De son retour de captivité à sa mort, il s’est écoulé dix ans pendant lesquels il a rencontré ma grand-mère et a eu deux enfants, dont mon père qui ne l’a presque pas connu. La correspondance de mon grand-père que j’appelle Mon jeune grand-père était adressée à ses parents, dont je n’ai pas les réponses. Les cartes ont été écrites au rythme autorisé, c’est-à-dire tous les 4 ou 5 jours. Le courrier mettait beaucoup de temps à arriver et mon grand-père répond parfois à des lettres déjà anciennes ou au contraire, il anticipe. Par exemple, il veut à tout prix souhaiter une bonne fête à ses parents et il leur écrit avec plus d’un mois d’avance pour être sûr que les cartes arrivent au bon moment. »
Propos recueillis par Nathalie Jungerman, pour
Florilettres
Éd. Lunatique, 192 p., 20 €. 9 novembre 2018. Ce livre fera l’objet d’un article dans le prochain numéro de FloriLettres (n°199, décembre 2018).

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