« Cette œuvre foisonnante rassemble les pièces d’un puzzle un peu fou, loufoque et terrifiant, la comédie humaine de notre temps. »
Benoît Fourchard est écrivain, dramaturge et comédien. L’entendre lire
sa nouvelle Quarante-huit
fois à
la librairie Le Merle moqueur, à l’occasion de la sortie des
Meilleures nouvelles 2018 (Outlier) est une expérience que l’on
n’oublie pas. Ce terrible texte, ciselé, dialogué entre un homme
et une femme qui s’entredéchirent dans tous les sens du terme,
produit un effet physique et psychique qui suit diverses étapes, en
passant par la chair de poule jusqu’à atteindre la mémoire vive.
Le recueil Humeurs lui
fait la part belle, en seconde position dans le chapitre
« Noirceurs », derrière Cette
chère Simone,
d’un réalisme non moins glaçant. L’auteur est néanmoins
capable d’alterner miel et vinaigre, douceur et cruauté. Dans le
chapitre « Mémoire », Ma
grand-mère Dorothée,
déclaration d’amour épistolaire d’un petit-fils à sa
grand-mère, en est un exemple émouvant, tandis que le doux-amer
Revoir Patricia met en abîme l’embellie du souvenir et la
résurgence du passé dans le présent, avec son lot de désillusions.
Dans le chapitre « Transhumance », notre préférence va
à La
Cumparsita,
délicieusement musicale, au charme galant, envoûtant, légèrement
suranné. Quant au chapitre « Corps », il nous réserve
un quatuor organique inédit, assemblage de sécrétions, d’humeurs,
de corps encombrants, rejetés, meurtris, en fuite ou en prison mais
jamais à leur place, toujours en déséquilibre, exhibitions de
foire ou rasant les murs et cherchant, à l’instar de Joseph
Merrick, l’homme
éléphant,
à se fondre dans l’univers. Cette œuvre foisonnante rassemble les
pièces d’un puzzle un peu fou, loufoque et terrifiant, la comédie
humaine de notre temps.
Le mois dernier, c’est Devaquet si tu savais, du même auteur, qui faisait l’objet d’une belle chronique sur Nouvelle-Donne.net. À redécouvrir ici.
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