« le complexe des bonnes familles sans histoire »


Extrait :
Enfant, en m’agenouillant le soir au pied du lit, je récitais des prières auxquelles je croyais. Je rendais grâce pour tous les petits bonheurs du jour écoulé. Je remerciais le ciel pour cette vie si digne d’être vécue. Ma gratitude avait un revers que l’adolescence s’est depuis chargée de m’apprendre : le complexe des bonnes familles sans histoire. Les bonnes familles qui ne veulent pas d’histoires. Ne veulent pas en faire. Les yeux tristes de mon père : silence absolu.
Avec le temps, le silence s’est mis à ressembler à l’oubli. Et j’ai moi-même fait comme si. Comme si ce silence suffisait. Comme si j’avais oublié. Mais je n’étais pas doué pour le bonheur — le serai-je un jour ?
pp. 17/18

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