« tant que des femmes seront mutilées ou mourront à cause d’avortements clandestins. »



Extrait :
Dans la foulée, j’ai appelé l’hôpital Lariboisière. La personne du planning familial m’a demandé les dates de l’échographie ; il restait une place le lendemain matin, sinon mardi prochain. L’avortement médicamenteux (non chirurgical) pourrait avoir lieu dans la foulée. Mon amie se trouvant à Buenos Aires, j’ai argué qu’il était trop juste de lui prendre un rendez-vous pour le lendemain, mardi en revanche serait possible. Comprenant les difficultés d’un tel retour, la personne m’a donné avec gentillesse des idées selon elle plus simples : se rendre au Brésil ou aux Antilles. J’ai objecté doucement que je voyais mal Victoria organiser un voyage à l’étranger dans son état, mais je suis resté bouche bée quand mon interlocutrice a commenté la situation, avec une sorte d’optimisme réjoui : « Ça bouge ces derniers temps en Argentine ! ». Non, désolé, ça ne bouge pas, et ça ne bougera pas tant que des femmes seront mutilées ou mourront à cause d’avortements clandestins. Mais je me suis tu. Elle était toute bienveillance, je n’avais pas à lui faire subir mon amertume.

Sur Internet, j’ai déniché un vol qui ferait arriver Victoria à Paris dimanche en fin d’après-midi ; je lui ai envoyé un message avec l’heure de départ et une date de retour deux mois plus tard, en précisant que je payais tout, il suffisait simplement qu’elle me donne son accord. Il y avait cinq heures de décalage, elle dormait encore.
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