« une réalité trop crue, trop dure, qui coupe le souffle et l'envie de vivre »

Têtes blondes, de Perrine Le Querrec

L'un des recueils les plus forts que j'ai jamais lus

Âmes sensibles, surtout, ne vous abstenez pas, mais accrochez-vous bien au fauteuil. Oh, Perrine Le Querrec n'a pas besoin d'en rajouter : pour les rebondissements, les suspens façon thriller et les fusillades, vous vous êtes trompé de rayon. En revanche, pour une sensibilité à vif exprimée avec une justesse tout simplement renversante, ne cherchez plus.

Sans aucun doute, si elle venait des États-Unis, Perrine Le Querrec serait déjà considérée comme une voix majeure de la littérature. Combien d'auteurs ont à leur répertoire un texte aussi fort que celui qui ouvre ce recueil ? Voici une petite fille que sa mère, dont le mari est parti, traine dans les magasins pour lui acheter des robes et encore des robes, se persuadant qu'elle veut faire plaisir à son enfant alors qu'elle la donne en spectacle. Saisi dès la première page, vous avez l'impression que l'angoisse de cette fillette remonte en vous, comme s'il elle se propageait depuis les pages elles-mêmes jusqu'à vos mains qui tiennent le livre, puis à tout votre corps.
Avec une économie de mots qui donne d'autant plus de force à chacun, Perrine Le Querrec (par ailleurs auteure du remarquable L'Apparition, également aux éditions Lunatique) parvient à retrouver les sensations de l'enfance, quand le monde des adultes n'est plus cet univers enviable car lointain, mais une réalité trop crue, trop dure, qui coupe le souffle et l'envie de vivre.

Un livre saisissant.