« Une écriture d'âme et de chair. Le sang du père pour signature. »


Clin dœil (avisé) de Carmen Pennarun


Je viens de lire le recueil de nouvelles de Charlotte Monégier, Le petit peuple des nuages, sorti le 30 septembre aux éditions Lunatique.

Dans ce livre on pénètre au cœur des familles par les regards des enfants.
Une écriture d'âme et de chair. Le sang du père pour signature.
Nous savons combien l'enfance peut être impitoyable quand la vie lui ôte ses balise d'amour, alors ces écrits réalistes tanguent entre amour et haine, ils tracent leur voie entre tendresse et cruauté avec infiniment de poésie, même dans l'horreur. La perspective d'un départ ouvre parfois une fenêtre sur un horizon que l'idée de la mort occultait.

« Elle ne comprend pas pourquoi son fils est allé si loin. "On peut surfer au Havre, à quatre-vingt kilomètres de chez nous. Tu ne trouves pas ça bizarre, Francis ?" Josiane se voile la carapace. Peu importe où se trouve Fabrice. Il nous a quittés, c'est ça le fond de la situation. » 

« Comme ma mère, tu as ce lac mélancolique dans le ventre, et quand tu parles c'est d'une voix de noyée, quand tu ris c'est d'un bruit de bateau qui s’échoue. »

« À quatre ans je suivais ma mère, j'étais de tous ses concerts. Elle était brillante et longue et moi j'étais minuscule. Je serrais sa robe de paillettes dorées, elle lui broyait les os. Je prenais ses tibias dans mes bras et je me disais : Quand je serai grande, j'embrasserai la totalité de son corps. Ses genoux à six ans, ses cuisses à huit ans. À dix ans, je prendrai son bassin entre mes mains, à quatorze ans, son cou et ses seins. Et enfin, à dix-huit ans, je serai comme elle. Brillante et longue. Dans la nuit, une étincelle. »

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