« Direlicon, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est-à-dire à peu près tout le monde, signifie Dictionnaire des Idées REcues sur la LIttérature CONtemporaine »


Direlicon, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est-à-dire à peu près tout le monde, signifie Dictionnaire des Idées REcues sur la LIttérature CONtemporaine. Direlicon est à la fois un néologisme ET un acronyme, de même que le capitaine Annocque (le compagnon inséparable de Tintin) est à la fois barbu ET alcoolique. Il faut noter que Direlicon ne s’écrit pas Direli con car cela pourrait prêter à confusion.

L’auteur du petit Direlicon, M Annocque, est à la fois admirateur de Gustave Flaubert, francophone par sa mère et lunatique par son éditeur. On apprend d’ailleurs, en lisant ce précieux dictionnaire, que, de Gustave Flaubert à Valérie Trierweiler, l’adultère est un des sujets de prédilection des grands écrivains, et que Valéry Giscard d’Estaing fut à l’académie française ce qu’Eric-Emmanuel Schmitt est à l’académie Goncourt : un immortel auteur.

L’auteur (le mâle de l’autrice) nous révèle que les blogs permettent aux écrivains de faire la promotion de leurs livres ; M. Annocque en profite pour faire l’inverse, c’est-à-dire la promotion de son blog dans son petit dictionnaire, c’est donc un malin doublé d’un pervers nombriliste.

Il nous enseigne beaucoup de choses sur les écrivains : ils doivent rechercher la complexité de peur que les lecteurs ne les comprennent. Il souligne les efforts du gouvernement de M. Castex pour favoriser la lecture grâce au couvre-feu qui permet de rentrer chez soi pour lire plus tôt. Et souligne que le mot lit est « ainsi nommé car c’est là qu’on lit ». Qui l’eût dit ? C’est là qu’on lit.

Annocque est parfois abrupt : il fuit les germanopratins et a l’audace de préférer Sébastien Bottin à Gaston Gallimard. Il englobe du même mépris la « littérature d’avant-garde » et celle « post-moderne », qu’il juge illisibles. Il pratique le second degré, renvoyant la littérature post-moderne, donc illisible, à Michel Houellebecq, alors que « Éric-Emmanuel Schmitt est un romancier lumineux ».

Selon lui la postérité est l’« état de grâce d’un auteur lu après sa mort », un grand écrivain vivant ne serait-il qu’un occis mort ?

Enfin, l’auteur de cet amusant dictionnaire souligne à quel point les critiques sont des êtres néfastes : ils ne lisent pas les livres dont ils parlent, disent du mal lorsqu’ils sont « jaloux du succès de l’auteur » et n’encensent que leurs copains. Alors là, il a tout faux ! L’auteur de ces lignes a lu en entier le Direlicon et ne connaît son auteur ni d’Eve ni d’Annocque. Et c’est bien dommage, pour lui naturellement.

M. Annocque pourra procéder à une réédition augmentée : il a oublié le mot éponyme, souvent utilisé à mal escient. Voire épicène, cher à Amélie Nothomb. Peut-être avait-il trop d’entrées à la lettre e… Et à la lettre z, qui est bien mal honorée, il pourrait ajouter « zolateur » (admirateur de Zola).

Bref, le Direlicon, est un beau petit livre, et tous les flaubertiens le savent : en littérature, si le laid est immuable, seul le beau varie.

Fabrice del Dingo, La Cause littéraire

 

Philippe Annocque est écrivain et agrégé de lettres modernes. Il a publié une quinzaine de livres.

Mon petit DIRELICON, éditions Lunatique, mai 2021



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