«  La poésie, ce n'est pas l'illumination qu'on croit. »

 



Publiés par les Éditions Lunatique, coup sur coup, les deux recueils de Myriam Oh (Ould-Hamouda) dont figure ci-dessus la première de couverture, donnent à lire deux projets d'une même poésie réaliste, mais ennemie des lieux communs et amoureuse de la liberté.

Le premier recueil, intitulé Scènes d'intérieur sans vis-à-vis, est constitué d'une série de portraits de gens ordinaires, montrant avec tendresse leurs faiblesses et contradictions.
Chaque partie de ce livre en format paysage est un poème portant comme titre le prénom du personnage dont il est question.


Le deuxième recueil, intitulé Ce n'est pas ce que tu n'as pas dit, mais la manière dont tu t'es tu, également publié dans la collection Les mots-cœurs, cette fois-ci en format portrait, est une sorte d'hymne à l'amour, qui se décline en plusieurs poèmes et parties, intitulées par exemple : « Entre ce que je pense... », « ... et ce que je veux dire... » ; «  ... ce que je dis... », « ... ce que vous avez envie d'entendre... » 

Cela fait du bien de lire de temps en temps de la poésie qui se lit « sans prise de tête », comme celle-ci, et qui, en même temps, a du rythme et offre quelques images inattendues.

Plus chaude que froide, cette poésie de Myriam Oh montre son côté chaleureux rien qu'avec la longueur des titres des livres ! 

Depuis ma lecture des poèmes de Marlène Tissot (ça remonte à quelques années, déjà), c'est ma première et meilleure découverte dans ce genre poétique. Je parle ici de la netteté du message, ainsi que du ton employé, qui est souvent celui de la confidence. C'est de la poésie quotidienne, certes, mais pas dépourvue de puissance, qu'elle s'exprime à travers la dureté ou dans la douceur.

J'aime bien aussi cette idée, que la poésie n'est pas forcément du côté des poètes, idée peu exprimée dans les milieux autorisés (forcément), qui est présente dans le texte cité ci-dessous.

Extrait de Ce n'est pas ce que tu n'as pas dit, mais la manière dont tu t'es tu, de Myriam Oh (Ould-Hamouda), ce poème, intitulé « La poésie sort de la bouche des enfants » :

À la limite, des ondulations de la queue du chat,
La poésie dans la forêt ou la rue.
À la rigueur, dans les allées de la superette du quartier.
La poésie, ce n'est pas la fille facile qu'on croit.
Les enfants les chats ne sont pas faciles.
La forêt la rue ne sont pas faciles.
Ils luttent de toutes leurs forces pour rester qui ils sont.
Dans nos illusions d'optique.
Il en faut de la force pour mêler instinct de survie et foi.
Il en faut du cœur pour dire oui avec la tête en voyage.
Enfants chats forêt rue : mêmes combats.
La poésie, ce n'est pas l'illumination qu'on croit.
Des fois, on la siffle et elle jaillit.
Des fois, on sacrifie une vie ; elle glousse.
Poésie qui rit à moitié dans le lit de qui saura la sentir.
Des fois, les poètes déglinguent tout ce qui tenait bon.
Sans eux.
La poésie sort de la couche qu'on tient.
Voilà.

Les illustrations de Ce n'est pas ce que... sont de Pascal Gary aka phormazero.

Si vous souhaitez vous procurer Scènes d'intérieur sans vis-à-vis, qui est vendu au prix de 8 €, et/ou Ce n'est pas que tu n'as pas dit, mais la manière dont tu t'es tu, de Myriam Oh (Ould-Hamouda), qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://www.editions-lunatique.com/les-mots-coeurs



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