« La vie dans ce qu'elle a de plus beau et de plus horrible »

 

Lui, on ne connait pas son prénom. Ou s'il nous le dit, on ne le retient pas. de lui, on sait l'amour immense qu'il porte à Lili, sa femme, la mère de ses enfants. Ses enfants dont il prend soin du mieux qu'il le peut pendant que Lili part travailler.
Car lui n'a plus d'emploi, plus de droits à une quelconque allocation. 
Lui, il traîne son mal-être, sa douleur, sa misère par devant lui. C'est un sentiment de nullité qui l'accapare. Un profond goût d'injustice. Un anéantissement. Un terrifiant appel au secours que personne n'entend, ni ne voit, ou ne veut entendre ou voir. A part Lili qui est là, à ses côtés, qui partage le pire, qui se contente avec toute la joie de vivre qui lui reste du verre à moitié plein plutôt que de s'absorber dans celui à moitié vide.
Cette nouvelle, signée Marlène Tissot aux éditions Lunatique, est un véritable coup au coeur. La vie dans ce qu'elle a de plus beau et de plus horrible. C'est le ressenti d'un homme qui se débat dans les méandres d'une déchéance qui l'engloutit chaque jour davantage. 
Ce récit m'a fait penser à Zola, à ses descriptions sans filtre de la condition humaine. 
On ne peut rester insensible à ces mots, ces phrases coups de poing, coups de sang, qui nous laissent espérer avant de nous terrasser. Et pourtant, n'est-ce pas ce que l'on fait en détournant le regard face à la misère?
Un récit d'une puissante lucidité.

Chronique relevée sur Babelio

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