« On sait qu’on n’en reviendra pas. On se contentera d’errer, de rouler jusqu’à ne plus avoir d’essence, de se perdre dans l’absence de consignes. »

  


À paraître le 15 novembre (papier + ePub) :

Enfance naufragée au large de Magouëro ; chiens errants, dans une forêt aux fées, assoiffés de chouchen et de chaleur humaine ; promesse d’une fuite ; Brest et son port, pour un nouveau départ, espoir d’une autre vie ; légendes de pirates racontées dans les bars, entre deux rasades de whisky ; destins croisés, la nuit, sur les quais ; draps froissés, étreintes vite oubliées ; murmure de la ville, inquiétant et bienveillant ; sac et ressac de souvenirs qu’on ne sait oublier ; et une écriture, envoûtante, belle et sauvage comme la côte bretonne : un premier roman dédié à tous les enfants qui s’oublient.

Couverture : Vague #1, Mouche, 2021

Compte Instagram : @linomouche



Un petit extrait pour patienter ?



On ne reviendra pas. On sait qu’on n’en reviendra pas. On se contentera d’errer, de rouler jusqu’à ne plus avoir d’essence, de se perdre dans l’absence de consignes. On fuira et on s’installera là, au bord des routes, derrière les dunes, sur les plages. On s’improvisera campeur sauvage. On criera nos peines. On gueulera notre haine. On crachera les émotions négatives qu’on retient depuis une dizaine d’années, depuis qu’on s’est endormi en choisissant d’oublier.

Raphaël du Marais a fui. Fugue nocturne. C’est l’explication logique qui sera donnée par les inspecteurs. On suspectera un retour le lendemain, comme les fois précédentes. On rassurera la mère en  panique.  On  expliquera les choses avec pragmatisme. Mais cette fois c’est différent. Raphaël le sait. Cette fois-ci, on ne reviendra pas. On laissera les mots se perdre sur les touches d’un clavier. On montrera l’écran aux parents. Un avis de recherche en bonne et due forme qui tâchera d’être relayé correctement. On ne prendra pas de pincettes avec cet enfant. On promettra de le retrouver.

« Ne vous inquiétez pas. C’est l’affaire  de  quelques  jours. »

On finira par laisser tomber ; on classera sans suite. C’est ce que Raphaël pressent. Il connaît les mots, les promesses. Il sait que ça n’a aucune valeur tout ça. Surtout pas de la bouche de Maman et Papa.

pp. 41-42



Commentaires