Midi Libre – samedi 16 avril 2022
Captive : Elsa Dauphin écrit sur la solitude, les oiseaux et la liberté
« À l'origine, c'est une petite nouvelle que j'ai écrite en 1997 racontant quelque chose que j'ai vécu, une garde à vue pour un vol que je n'avais pas commis. »
Cette nouvelle, Elsa Dauphin l'a ressortie d'un tiroir il y a quelques années. Et au fil de l'écriture, la nouvelle est devenue son troisième roman, publiés aux éditions Lunatique, en début d'année. Captive, c'est l'histoire de Léa Détrier, une femme solitaire qui raconte sa garde à vue et sa détention pour le meurtre de son patron. Ce récit passé est entremêlé de son présent : sa vie à la campagne après la détention. « Le meurtre, c'est presque un prétexte pour dévoiler l'histoire de cette femme seule, qui se réapproprie son existence, aidée par l'observation des oiseaux », explique l'autrice.
Écriture et observation
L'amour d'Elsa Dauphin pour les oiseaux et leur observation transparaît dans tout le livre. « J'ai découvert les oiseaux en arrivant en Aveyron. J'ai développé une capacité d'observation différente de ce qui m'entoure, on s'oublie, on se met en retrait, c'est la même démarche que pour l'écriture. » Dans le roman, si les oiseaux, le ciel et la nature aident le personnage à se libérer, l'écriture joue aussi un rôle. Léa commence à se souvenir du passé qu'elle refoule lors d'un atelier d'écriture en prison. Outre le goût pour l'observation des oiseaux, plein de petits morceaux de l'histoire font écho à la vie d'Elsa Dauphin. Le personnage principal travaille comme plongeuse dans un restaurant, emploi occupé par l'écrivaine ; Léa participe à un atelier d'écriture, Elsa s'est formée il y a quelques années pour animer des ateliers d'écriture. « Je mêle différentes expériences que j'ai vécues quand j'écris. Tout ça fait une réaction chimique et il y a quelque chose qui naît », décrit-elle. Avec Captive, elle a voulu « quelque chose de simple, poétique et percutant ». C'est réussi, le petit roman d'une centaine de pages attrape le lecteur pour ne le lâcher qu'à la fin où l'on découvre la vérité sur ce meurtre qui a envoyé Léa en prison.
Elsa Dauphin n'a pas d'habitudes d'écriture. « J'écris dès que j'ai l'impulsion, ça peut être n'importe quand. J'écris un moment, l'écriture s'épuise, je mets dans un tiroir, j'oublie, je commence autre chose et puis je le ressors. Je laisse mon travail mûrir seul. » Si elle a toujours aimé raconter des histoires, elle n'a pas passé toute sa vie à écrire. « De mes 20 à 35 ans, j'avais l'impression de n'avoir rien à dire. » Originaire de la région parisienne, elle arrive ne 2007 en Aveyron pour travailler pour Radio Saint-Affrique. « J'ai écrit beaucoup de chroniques pour la radio, ça m'a reboostée pour reprendre l'écriture », raconte l'autrice. Depuis 2017, elle a publié quatre livres. Captive mais aussi L'accident chez L'Harmattan, La compagnie des vaches aux éditions du Larzac, livre pour lequel elle a obtenu le prix talent de l'Aveyron et L'envol, un livre lettre qui raconte l'histoire de sa rencontre avec les chevêches d'Athéna, « des petites chouettes magnifiques ».
Dune Froment
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