« À la saison du vélo, lire et partir »

Vous les avez vous aussi ces petites piles de livres qui s’échappent de leur prison-bibliothèque, sans jamais y retourner ? Pas les piles encore à lire non, celles-ci grimpent jusqu’au ciel et c’est tant mieux. Mais plutôt celles formées par des déjà-savourés, des surlignés même, dans lesquels on adore replonger dès que possible. Ils se regroupent par affinité, selon les saisons, et révèlent peut-être nos obsessions du moment. Depuis le début du printemps, un quatuor s’est ici naturellement dégagé. Quatre pépites, une belle équipe, des écrivains-cyclistes qu’il faut remercier d’avoir un jour pris la peine de fabriquer ces pages.

Leurs points communs ? Des textes courts, délicieux fragments à piocher selon les humeurs, à doser en fonction du temps qu’il vous reste avant d’avoir quelque chose de plus important à faire, ce qui est souvent difficile à trouver. Pour chacun, une tentative réussie de dire cet amour vrai du vélo, de décrire la tendresse ou l’âpreté des sensations une fois sur l’objet sacré, de raconter comment cette nécessité-là a infusé en eux au fil des routes. Pour tous enfin, un goût immodéré pour la littérature, les autres écrivants, dont ils glissent ici et là quelques traces marquantes.

(…)

Et puis le dernier en date, qui a logiquement trouvé sa place dans la pile :  Pédalées (Lunatique, 2021), signé Olivier Hervé. Le titre – ce mot, cet accord – est déjà une invitation sans surprise, comme si grâce à lui on était certain de trouver à l’intérieur quelques éblouissements. Et l’on n’est pas déçu. Une œuvre protéiforme, une appétence pour l’histoire, quelques fictions captivantes, des souvenirs personnels auxquels on s’attache, et puis de la poésie bien sûr. Quoi de plus naturel, puisqu’être sur le vélo, si haut perché, presque volant, le corps déformé, le regard alerte, constitue sûrement une des voies d’accès à une vision poétique du monde ; ce monde qui défile, grandit et se sublime autour du rouleur, à la vitesse choisie par ses jambes et son esprit. On ne peut pas encore lire sur le vélo et c’est bien dommage. Mais avant vos prochaines fugues sur les routes cet été, cette petite pile de quatre grands livres sera peut-être la meilleure des préparations. 

Commentaires