« ... faire surgir la légèreté là où affleurent les larmes »

 


Sur le Photomaton en couverture de ce petit livre, on voit une drôle de figure qui fait des grimaces. Un gamin qui s’amuse ? Pas exactement. Hippolyte, l'homme qui prend ces poses a 47 ans, en 1967, lors de ces selfies d'avant l'heure. Une manière pour lui d'adresser un pied de nez aux mauvais jours. Dénoncé par « un gars du coin », le jeune résistant de Ceyzériat fut en effet déporté à Dachau en juillet 1944. Un enfer dont il dira plus tard, non sans mal, quelques mots à sa petite-fille qui n'avait pas encore treize ans lorsqu'il mourut en 1989. C'est avec ces lambeaux de confidences, rehaussés de bribes d'un « petit cahier » non daté tenu par le maquisard de l'Ain, que Céline Didier vient de composer un très touchant tombeau de mots à son papy intitulé, comme un dû, C'était ton vœu (Éditions Lunatique, 180 p., 18 €). En phrases courtes comme des vers, son évocation parvient même à faire surgir la légèreté là où affleurent les larmes.

Ces larmes sur lesquelles on souffle en lisant. Comme on le fait pour sécher un Photomaton.


Ain Regard, par Didier Pobel - La Voix de l'Ain, n° 4056, 20-26 janvier 2023



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