Au bord du lit

   

À paraître le 10 mai 2023

Le recueil s’ouvre avec Je vis pédé : je dis pédé  / parce que c’est ma vie  / parce que ça salit / mais qu’on s’en fout / que ça suinte / que ça sente / et qu’on brille / comme des lucioles  / des astres en feu / dans la nuit. Et les garçons, la nuit, s’envolent, en quête d’affection et de stupre.  Mots âpres, crus et sauvages, pour dire l’incandescence des corps dans l’exaltation fiévreuse des nightclubs ; mots naïfs et sensuels pour décrire un « quality time » tendre et idéal (quelques promesses / après la baise / c’est bien). En somme, le recueil de Florian Bardou est une déclaration d’amour à la vie (Éros) et aux corps des hommes.

AU BORD DU LIT


Quand je te vois, là, sur le lit, mourir presque, défaillir d’une joie de faon tout juste né, au bord des draps, au bord du monde, rejouer les fantômes des actes consommés, sans un mot, peut-être une œillade, avant les précipices, prêt à jaillir dans la retenue des secondes à venir, quand je te vois, là, muscles contraints et contractés, entrouvrir les portes de je ne sais quel havre d’éternité fantastique, vulnérable et immortel, les jambes elles aussi ouvertes aux quatre vents, splendide et démoniaque — antique ? — il n’y a que tes yeux, là, dans l’intérieur moite et incandescent pour ralentir la mer qui monte, calmer l’amer pressé des extrémités terrassées par ta présence enveloppante. Et tout prendra fin dans l’accomplissement : impatientes, la peau tressaille et les paupières se ferment. On gicle, on essuie et on oublie. Pour mieux recommencer.


pp. 77-78




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