«  Les rues n’entendent que tes pas »

  

À paraître le 10 mai 2023

Le recueil s’ouvre avec Je vis pédé : je dis pédé  / parce que c’est ma vie  / parce que ça salit / mais qu’on s’en fout / que ça suinte / que ça sente / et qu’on brille / comme des lucioles  / des astres en feu / dans la nuit. Et les garçons, la nuit, s’envolent, en quête d’affection et de stupre.  Mots âpres, crus et sauvages, pour dire l’incandescence des corps dans l’exaltation fiévreuse des nightclubs ; mots naïfs et sensuels pour décrire un « quality time » tendre et idéal (quelques promesses / après la baise / c’est bien). En somme, le recueil de Florian Bardou est une déclaration d’amour à la vie (Éros) et aux corps des hommes.


LA VILLE HABITÉE


tu es toute la ville

et dans toute la ville

n’importe quelle ville

des deux rives de l’Atlantique

au bord des fleuves

les murs ne parlent

que de toi

les rues n’entendent

que tes pas


tu es toute la ville

et les lumières dans tes yeux

éclairent la nuit étroite

tes mains m’attrapent

étreintes d’un soir revisitées

sur des hauteurs tactiles


tu es toute la ville

ses échos prolongent ta voix

ravie et ravivée

la mienne se noie

et je les bois


tu es toute la ville

les tours et les tourments

les gouttes de pluie et le goudron

les clameurs et les coups des klaxons

les jets de bières et les traits de pisse

les feuilles mortes et les fleurs au printemps

tu es toute la ville

des terrains vagues fébriles

d’émois   des halls d’immeuble

refuges d’espoir

et tu l’habites

comme moi


pp. 35-36




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