LA VILLE HABITÉE
tu es toute la ville
et dans toute la ville
n’importe quelle ville
des deux rives de l’Atlantique
au bord des fleuves
les murs ne parlent
que de toi
les rues n’entendent
que tes pas
tu es toute la ville
et les lumières dans tes yeux
éclairent la nuit étroite
tes mains m’attrapent
étreintes d’un soir revisitées
sur des hauteurs tactiles
tu es toute la ville
ses échos prolongent ta voix
ravie et ravivée
la mienne se noie
et je les bois
tu es toute la ville
les tours et les tourments
les gouttes de pluie et le goudron
les clameurs et les coups des klaxons
les jets de bières et les traits de pisse
les feuilles mortes et les fleurs au printemps
tu es toute la ville
des terrains vagues fébriles
d’émois des halls d’immeuble
refuges d’espoir
et tu l’habites
comme moi
pp. 35-36
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