un hymne au lâcher prise

« Je dis pédé/parce que c’est ma vie/parce que ça salit/mais qu’on s’en fout ». On pourrait croire que le premier recueil de Florian Bardou évoque d’abord le quotidien d’un trentenaire homo parisien. C’est le cas, avec son lot de rencontres, fêtes et lendemains. Mais la poésie de ce livre est aussi et surtout un hymne au lâcher prise, celui qu’on ressent précisément quand on laisse les basses d’une soirée techno pour prendre le contrôle de son corps. Car on a affaire ici à des textes ultrarythmés, avec des vers courts, des rimes, des assonances (« des crocs et des cors/escortes de chœurs/dans un décor de crocodiles »). Bref, à une véritable musique.

Florian Bardou, par ailleurs journaliste à Libérationcherche à retrouver le rythme un peu sauvage, répétitif et entraînant, des morceaux entêtants des soirées qu’il décrit. Son livre est ainsi une invitation, par la poésie, à la jouissance de ces moments d’oubli, à « [boire] toutes les infinies/secondes jusqu’à plus soif ».


Libération des 13 et 14 mai 2023

Guillaume Lecaplain

Paru le 10 mai 2023

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