À paraître le 7 février 2024
Une invitation à déjeuner s’affiche sur l’écran du mobile, et le fragile équilibre d’une vie de famille ordinaire menace de s’effondrer sous le poids des souvenirs. Les coups, les mots, qui n’épargnaient ni la fille ni le garçon, la colère du père, la passivité de la mère, et l’insupportable douleur d’une enfance brisée que la mort parfois tentait. Alors, elle fera comme la docteure l’a conseillé, lâcher l’affaire sinon elle va pas s’en sortir. Les poèmes ainsi s’égrènent, peignant par touches délicates un quotidien tristement oppressant, violent. Pas d’apitoiement cependant, ça a le cuir dur, un éléphant, quand bien même il se meut dans un magasin de porcelaine.
Un après-midi le soleil est cuit
Je fais du lapin samedi midi
voulez-vous venir en manger un morceau avec nous
écrit la mère sur son téléphone
La fille, surprise, se demande que faire
Son fils, songe-t-elle, est déjà invité
à un anniversaire chez un copain
Et ce repas, maintenant ou jamais
Son fils, songe-t-elle, est déjà invité
à un anniversaire chez un copain
Et ce repas, maintenant ou jamais
Elle fera comme la docteure l’a conseillé,
lâcher l’affaire sinon elle va pas s’en sortir,
enverra une carte de temps en temps
lâcher l’affaire sinon elle va pas s’en sortir,
enverra une carte de temps en temps
Demander la lune
Chercher trop longtemps
une chaussure ou ses clés
une chaussure ou ses clés
Pédaler dans le vide
Un surplace suspendu à un fil
Un mauvais choix au fond du ventre
Quand on a froid
le plus important
ce sont les gants
Un matin elle y pense tellement
qu’elle se cogne en nageant
Elle a oublié les limites du bassin
le carrelage a sonné sa tête
qu’elle se cogne en nageant
Elle a oublié les limites du bassin
le carrelage a sonné sa tête
À se donner à une cave
le soleil finit par s’immoler
pp. 11-12
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