Se déprendre de la honte
Pour n’importe quel gay, se détacher de la honte revient souvent à se réapproprier le stigmate pour l’arborer avec fierté. Se dire haut et fort pédé, pédale, folle ou efféminé, constitue ainsi un premier pas vers l’affirmation. Une initiative essentielle donc, à laquelle le journaliste Florian Bardou donne corps dès les premiers vers de Je vis pédé, poème qui ouvre son recueil Les garçons, la nuit, s’envolent (éditions Lunatique) :
je dis pédé
parce que c’est ma vie
parce que ça salit
mais qu’on s’en fout
que ça suinte
que ça sente
et qu’on brille
comme des lucioles
des astres en feu
dans la nuit
Un premier poème qui donne le ton d’une œuvre transpirante et sensuelle où nos récits pédés et leurs spécificités sont mises à l’honneur, de nos ébats éphémères à nos amours révolutionnaires, de nos soirées humides à nos solitudes profondes… Par ce simple geste poétiquement irrésistible, sans grand discours politiques ni envolées théoriques, Florian Bardou s’abandonne totalement au lecteur et exalte une énergie débordante, participant à son échelle à une petite révolution lyrique. Son expérience personnelle retranscrite dans ces vers finit par s’arroger de toutes frontières et parcours les sens, transcende les corps et se hisse avec frénésie là où nos frissons s’élancent. Preuve s’il en fallait qu’une fois racontée, la vie d’un pédé devient celle de milliers.
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