« Ne plus accepter l’étouffoir de l’émotion, devenir le réceptacle des sentiments et aimer ces instants, même s’ils sont de silence. »
« Dans le vocabulaire géologique, un trémor est un séisme engendré par la remontée du magma lors d’une éruption », prévient Saïd Mohamed en exergue. Et il est vrai que son recueil bouscule, ébranle, avec une véhémence peu commune. Les mots bouillonnent, les images s’entrechoquent, et de là naît toute la magie qu’on appelle poésie. Déambulation d’un éternel déraciné dans des paysages réels ou intimes, délabrés ou sublimes, Trémors célèbre l’amour, l’amitié, le partage de peu mais de l’essentiel. On y entend la douceur d’une promesse et la raucité de celui n’a de cesse d’élever la voix pour partager ses aspirations, ses convictions et ses espoirs. Avec Trémors, Saïd Mohamed ouvre son cœur, et déferle toute la tendresse du loup.
Quand, figés dans l’amertume de nos désirs que plus rien ne trouble, n’attendant ni soubresauts ni improbable réveil, il nous faut trouver les mots insoumis pour dire l’inacceptable.
Tenter encore, avec la prégnance des fous, de cultiver la débauche et sa voix sur le chemin d’orgueil, et faire de chaque instant une éternité obéissant à la seule errance du chaos.
Ne plus accepter l’étouffoir de l’émotion, devenir le réceptacle des sentiments et aimer ces instants, même s’ils sont de silence.
Ombre ou ténèbres, force du peu, du presque rien, pour qu’éclate la joie des parias dans un festin de colère.
Et que cette rage innocente devenue fête enivre nos corps au rythme des saisons, car partout les sirènes de leurs guerres nous désenchantent.
pp. 51-52
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