« Se souvenir, mais ne pas se rappeler la nuit »


On pourrait dire, en opérant un raccourci langagier, qu'Aline recolle ici les morceaux cassés, ceux d'une enfance et d'un amour qui ne sont pas nécessairement siens. Ainsi, dans le poème « avant-propos » elle se dit « éléphante » portant « [son] poids de souvenirs » et « avançant dans un magasin de porcelaine ». Mais, ne confondons pas le « je » de la narration avec l'auteur. 


« Se souvenir, mais ne pas se rappeler la nuit » (p. 21), car, comme « la docteure l'a conseillé, lâcher l'affaire » et le mieux à faire. Mais, dans cette première partie « Le tablier déchiré », l'amour transparaît avec force, la fêlure scandée étant un hommage certain.


La violence est suggérée avec une certaine pudeur, et progressivement au fil de la narration poétique, mais elle ne surgit que plus fort. 


Les portraits qu'Aline tisse de page en page sont à charge, mais aussi à décharge d'une certaine manière. Comprendre, permettrait-il de ne plus « se rappeler la nuit » ? 


Autre échappatoire, le livre qui permet à l'enfant de « Fuir la chambre/la main/les cris ou/
le silence » (p. 35), et cette « douleur froide qui dure » (p. 40). 
L'expiation comme une question de « survie » (p. 83) !


J'aime énormément le style d'Aline qui, par des images épurées consigne des idées très fortes.


Qu'est-ce l'amour familial ? 


« Un néant relationnel
orchestré
du vent dans les os
des taches dans le sang » (p. 69).


La troisième partie me semble plus lumineuse, éclairée par la lumière de l'amour que la petite fille de jadis, cette « orpheline de parents vivants » (p. 75), porte à son propre fils et à d'autres autour d'elle. 


À noter que le dernier mot est « rire ». Rire à sa « course d'orientation », se rire de tout.

Une recension glanée sur le site Babelio


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