OUEST-FRANCE : Elle a publié 150 livres avec sa maison d'édition

Pascale Goze, habitante de Vitré (Ille-et-Vilaine), gère seule la maison d’édition Lunatique. Créée en 2011, elle a déjà permis la publication de 150 livres, aux petits tirages et au style soigné. Elle raconte en quoi consiste son quotidien, entre tri des manuscrits, corrections pointues et promotion auprès des libraires.



Rencontre

Depuis sa maison, dans le vieux Vitré, Pascale Goze donne vie à des manuscrits. Originaire de Paris, elle a posé ses valises ici, en Ille-et-Vilaine, il y a dix ans. Et déménagé avec elle sa petite maison d’édition, Lunatique. Romans, recueils de poésie, revue… 150 ouvrages ont été publiés depuis sa création, en 2011. « Ce catalogue, c’est un peu ma bibliothèque idéale ! », sourit-elle.

Chaque jour, près de cinq manuscrits arrivent chez cette quinquagénaire.« C’est énorme pour une petite structure. » Elle s’occupe en effet seule de la maison d’édition. « Je commence par lire la lettre d’accompagnement. Souvent, j’ouvre aussi au milieu le manuscrit et j’y attrape quelques phrases, pour voir », raconte-t-elle.


De la relecture à l’illustration

Très attentive au style et à l’écriture, Pascale Goze cherche avant tout «  l’étonnement ». Elle aime le jeu avec la langue, la ponctuation, les sauts de ligne, les formats. « À mes yeux, il ne faut pas avoir une approche trop rigide de la langue. Par contre, jessaye d’instaurer un système pour apporter une cohésion à l’ensemble. », ajout-t-elle. L’éditrice ne craint pas de sortir des standards, ni de dérouter. C’est ainsi qu’elle a publié un livre d’une seule phrase courant sur près de 52 pages !

Une fois le manuscrit sélectionné, un « gros travail de relecture » commence. Pascale Goze est pointilleuse dans ses corrections. « Souvent, les auteurs ne s’attendent pas à en recevoir autant ! »

Entourée de es piles de livres, Pascale Goze raconte leur histoire et le lien qu’elle entretient avec chacun d’entre eux. « Chaque livre est singulier, crée qui fait que je vais toujours jouer avec de nouvelles cartes pour le défendre au mieux », affirme-t-elle. Son travail est protéiforme. Elle va par exemple accompagner un auteur qui n’a jamais été lu face à la sortie de son premier roman, commander et choisir les illustrations avec un graphiste. « Plutôt que d’illustrer le thème du livre, je vais chercher à retranscrire l’émotion que j’aie eue en le lisant, à la façon d’un tableau », explique-t-elle.


De la relecture à l’illustration

L’éditrice est régulièrement en déplacement. « Je reviens d’un banquet poétique dans le Périgord », glisse-t-elle. Elle mène des animations auprès des scolaires, dont elle apprécie « la fraîcheur. Je leur demande pourquoi ils ont aimé un livre, ce qui les amène à se rendre compte qu’ils sont sensibles au style ».
Elle aime aller au contact direct des librairies, et se réjouit d’être désormais identifiée, après plus de dix ans d’activité. Se faire une place face aux mastodontes reste un défi permanent pour une petite maison d’édition indépendante : « Être encore là est déjà un exploit ! C’est un métier difficile, mais on le fait tous par passion. »
Me modèle économique est précaire et les tirages modestes. « Quand on dépasse le millier d’exemplaires, on est contents », indique-t-elle. 
Quelques ouvrages tirent leur épingle du jeu, comme Pédalées, paru en 2020, où l’auteur, Olivier Hervé raconte sa passion du vélo en 21 chapitres, comme autant d’étapes du Tour de France.

De plus en plus de poésie

Les livres qu’elle publie évoquent souvent les minorités et les marges., ce qui lui a permis de se faire connaître des librairies féministes et LGBT. « J’en ai aussi plusieurs sur le rapport à la religion », note-t-elle. La poésie est de plus en plus représentée : en ce premier trimestre 2024, les éditions Lunatique vont publier pas moins de six recueils, et seront pour la première fois au Marché de la Poésie en juin à Paris.

Si son activité l’éloigne souvent de Vitré, Pascale Goze y organise parfois des lectures dans des bars, en lien avec la troupe des Comédiens du dimanche. « Je cherche à toucher des personnes qui n’iraient pas forcément en médiathèque ou en librairie. J’ai envie de leur montrer que la littérature et la poésie, c’est pour eux aussi. »

Laura Daniel

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