C'est mon ami @CasusBelli qui m'a fait découvrir ce petit texte de 58 pages, écrit par Fabien Maréchal. Ce journaliste de 52 ans n'est pas à son coup d'essai car il a déjà 8 livres à son palmarès.
A une époque future où les finances publiques sont de plus en plus mal-en-point, l'Etat décide d'installer ses administrations directement chez les particuliers détenteurs de mètres carrés non utilisés. Cécile la narratrice de l'histoire, se voit imposer chez elle une annexe de la Police Nationale. Marc son mari grand admirateur de l'uniforme et des images hommasses qu'il véhicule, est aux anges. Ce couple de français moyen, brossé par Fabien Maréchal, nous ressemble banalement en donnant ainsi au récit un coté assez authentique.
C'est un scénario qui emprunte les pas des auteurs de la dystopie classique que sont Georges Orwell dans son 1984 ou de Franz Kafka avec son Procès. On assiste ici à une situation ubuesque dans les premières pages qui devient rapidement anxiogène au fur et à mesure qu'on avance dans la nouvelle. La proximité des forces de l'ordre voire de leur immixtion dans la vie privée du couple va vite devenir obsédante. D'une protection rapprochée, leur histoire va se transformer en une surveillance abusive et démesurée de tous les jours.
La force de l'écriture chez Fabien Maréchal se traduit par sa façon d'amalgamer les loufoqueries au drame de certaines situations. Son style journalistique nous entraîne dans une lecture addictive qui nous force à prendre conscience d'une société qui n'est pas aussi éloignée de la nôtre. Il donne ainsi à ses messages une énergie qui les rend plus percutants. Bref une belle découverte qui mérite largement sa place dans la littérature dystopique et qui permet de nous interroger sur nos dérives sociétales actuelles.
« de toute façon, ça aurait fini par arriver, soutient-il en m'attrapant la taille sans bouger de son fauteuil. Les emplacements libres sont devenus rares dans le quartier. Une demi-douzaine d'annexes du commissariat y ont déjà élu domicile. Sans marcher plus de dix minutes, nous avons accès à une sous-sous-préfecture, à deux tribunaux correctionnels, à une cour d'assises et, bien entendu, aux multiples bureaux de l'Agence nationale du travail et des services de recrutement interarmées, de la Police nationale et de la magistrature. »
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